CITATIONS

"On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées." Hippolyte Taine

"Voyager, c'est demander d'un coup à la distance ce que le temps ne pourrait nous donner que peu à peu." Paul Morand


mardi 29 septembre 2015

10) Pékin (Express)

Cet article couvre la période du 30 août au 4 septembre.

Dans l’imaginaire des occidentaux que nous sommes, la Chine c’était d’abord un pays vaste et varié, densément peuplé par endroit, et surtout très exotique car éloigné culturellement. Eh bien, contre toute attente, notre première impression fut d’abord inversée !

En effet, après le passage de la frontière Mongolie-Chine en pleine nuit, le simple fait que la gare flambant neuve d’Erenhot dispose d’une signalétique, d’éclairages, d’un plan, d’un vrai tableau d’affichage, d’escalators… a suffi à faire naître en nous la sensation surprenante de retrouver des repères familiers. De plus, nous avons passé nos deux premières nuits à Pékin dans un hôtel confortable, chinois certes mais s’inspirant des célèbres chaînes internationales, situé dans le quartier des affaires, accessible grâce à un métro propre et performant (il s’agissait d’un cadeau d’anniversaire agréable et utile pour se remettre de la rudesse de notre expérience mongole). Bref, c’est la modernité et la qualité des infrastructures de la Chine que nous avons d’abord perçu et, en creux, leur absence en Mongolie.

De manière générale, on a souvent tendance à poursuivre la découverte d’un pays (ou d’une région), alors qu’on l’a quitté, en mesurant les écarts avec le suivant.

Cette première impression a néanmoins été rapidement remplacée par un sentiment d’exotisme au gré des balades au contact des pékinois dans différents quartiers de la capitale. Une des raisons évidentes, en plus des fruits inconnus dans les étals, des cantines de rues, des touk-touks et des embouteillages de scooters électriques, c’est qu’il nous est impossible de comprendre un traitre mot de chinois, qu’il soit écrit ou parlé. Ce détail complique un certain nombre d’actions simples comme prendre le bus par exemple (je veux dire le bon et dans le bon sens).

Quoi qu'il en soit, ce qui a vraiment fait de notre semaine à Pékin un moment inoubliable ce n’est pas la visite de la Muraille de Chine, de la Cité Interdite, du Palais d’Eté, du quartier Hutong, ou du parc du Temple du Paradis, dont les splendeurs et les ambiances nous ont pourtant émerveillés. Non, ce qui a rendu les choses spéciales c’est d’avoir découvert la ville et ses joyaux tout en bénéficiant de l’hospitalité et de la générosité sans limite de nos hôtes chinois Nicy et Kiwi. Elle est originaire du Hunnan au sud (région des montagnes du film Avatar) et souhaiterait voyager en Europe, lui vient de la Mandchourie au Nord et aime beaucoup cuisiner (quel délice !), ils travaillent tous deux dans le secteur en plein boum des technologies web et mobiles. Plus qu’un matelas dans un bureau, ils nous ont offert de partager un bout de leur culture, de leur gastronomie, de leurs fiertés, de leur vision du monde, de leurs rêves. Et si c’était ça le sens du voyage ?

Enfin, un événement exceptionnel, prévu de longue date mais que nous n’avions pas du tout anticipé, a complété le tableau de notre expérience pékinoise : la plus grande parade militaire de l’histoire de la République Populaire de Chine a eu lieu le jeudi 3 septembre 2015 à l’occasion de la commémoration des 70 ans de la fin de la seconde guerre mondiale (en Asie la capitulation japonaise). Les conséquences visibles de l’organisation de ces festivités nationales étaient : quelques fermetures exceptionnelles de sites touristiques, la mise en place d’un dispositif de sécurité militaire dans notre hôtel (où devait probablement se tenir une réunion d’officiels du Parti), la présence de drapeaux rouges partout dans la ville et surtout la couleur du ciel d’un bleu intense pendant deux jours grâce à la mise à l’arrêt préventive des industries les plus polluantes de la région (et peut être aussi l’utilisation de techniques pour provoquer les précipitations en amont). Pour la première fois de notre vie nous avons regardé une cérémonie militaire entièrement, en compagnie de Kiwi et Nicy et d’une pastèque bien fraîche. Nicy a tenté une traduction à la volée du discours du Président Xi Jinping et nous a envoyé quelques jours plus tard la traduction officielle que nous avons pu comparer avec les interprétations de la presse internationale/occidentale.

N’ayant prévu de passer qu’un mois en Chine, nous avons décidé de cibler une seule province, le Yunnan, pour ses paysages de montagne, son authenticité, sa diversité ethnique, sa gastronomie mais aussi parce qu’il nous a semblé plus facile de faire faire notre visa birman à Kunming qu’à Pékin. Dans l’avion pour Kunming nous sommes les deux seuls non Chinois. Ce sera la première d’une longue série d’immersions totales dans les transports.

Notre découverte du Yunnan fera l’objet d’un post dédié, je termine donc comme d'habitude par une petite série de photos.

La Muraille de Chine


Muraille bondée...

...donnant envie de s'échapper



La Cité Interdite











Le Palais d'Eté













Nicy & Kiwi 



Stade Olympique



Divers Pékin








Médecine chinoise VS médecine occidentale...






mardi 1 septembre 2015

9) Indomptable Mongolie

Cet article couvre la période du 10 au 29 août 2015.

La Mongolie… Probablement la destination qui me faisait le plus rêver avant de partir, peut-être par ses paysages à couper le souffle et sa culture méconnue et authentique. Je dois dire que je n’ai pas été déçue, et même plus bousculée que je ne l’aurais pensé, par ce pays si… indomptable ! 


En quittant UB (Ulan Bator), on a vite compris qu’il fallait abandonner nos habitudes d’occidentaux en commençant par laisser nos montres dans nos bagages : notre relation au temps a dû être repensée quand, après l’avoir attendu plus de 4h, notre guide nous accueille avec un « Don’t ask about time. Nomads only know distance and space ». A partir de ce moment, on réalise qu’il faut suivre le courant et se laisser aller. Au-delà du timing, on est incapable de prévoir la météo même à quelques heures, tant le temps est changeant et parfois extrême ; incapable d’évaluer les distances quand, au milieu d’une steppe, la visibilité à 360° nous fait croire que tout est proche.  


Le plus frappant dans ce pays qui n’a cessé de nous surprendre, c’est la fierté de son peuple pour sa culture et son histoire. La mémoire du grand Genghis Khan a survécu depuis l’époque de l’Empire mongole, et avec lui une identité forte et intacte. Ici, même les enfants semblent pouvoir tout endurer ; sur un cheval dès qu’ils tiennent assis, ils ne sont pas là pour s’ennuyer. 


Avec la Mongolie, on rentre dans le vif du sujet de notre voyage. Ce pays m’a mis une grande gifle, mais au bon sens du terme je crois. C’est pourquoi j’ai trouvé que le récit narratif classique était mal adapté pour cet article. A la place, voici une série d’anecdotes illustrant des phrases qu’on n’aurait jamais pensé dire avant la Mongolie » :

  • « Plus de la moitié de la population est plus jeune que nous ». Prise de conscience, à 27 ans presque révolus, je dépasse la médiane d’âge du pays… Si on fait abstraction de l’espérance de vie catastrophique, la moyenne de plus de 3 enfants par femme et la jeunesse des habitants ont un côté très rafraichissant.

  • « Non merci, je suis végétarienne ». Inutile de demander, le bon morceau de bœuf bien saignant n’existe pas ici. J’avais pourtant prévenu mon estomac de bien s’accrocher, mais la simple vision de la viande de mouton ultra-bouillie entourée d’une couche de gras surdimensionnée, tout ça après des heures de routes sur des pistes défoncées m’ont fait trouver à contre cœur cette excuse bien utile. Pour me remettre de ma culpabilité, je me suis livrée à d’autres aventures culinaires comme le lait de jument fermenté, le lait de chamelle ; ou le fromage de chèvre séché à manger comme des bonbons avec le thé salé…

  •  « Cette année pour l’anniversaire de Matthieu, on a fait simple : une soirée sans prétention dans le désert de Gobi ». La probabilité que Matthieu soit né le même jour que notre guide Bataar était déjà faible, mais que la date tombe le dernier jour de notre trip dans le désert de Gobi ?  C’était l’excuse toute trouvée pour une dégustation de vodka mongole en compagnie de nos autres partenaires de voyage. Heureusement qu’ici le tapage nocturne ne dérange pas grand monde. 

  • « On a crevé mais c’est réglé, notre chauffeur vient de réparer le pneu avec une vis et un marteau». On ne se rend pas compte avant de s’engager dans le désert que les compétences de mécano du driver sont vitales ici. Et on peut dire que « Lucky », notre chauffeur, était un pro en la matière et bichonnait le véhicule à chaque arrêt.

  •  « Consultation spécialisée dans le Gobi : check ». Le serment d’Hippocrate prononcé il y a quelques mois, j’étais contrainte de revêtir le temps d’une consultation au milieu de la steppe, mon habit de gastroentérologue en herbe. Sacré challenge, surtout quand le patient se trouve être celui qui nous fait traverser le désert…

  • « Non, ce n’est pas notre chien, mais il nous suit depuis 4 jours ». Après 7 jours dans le Gobi à suivre un groupe, nous nous sommes lancés dans un trek de 4 jours en autonomie pour retrouver cette sensation de liberté qui commençait à nous manquer. C’était sans savoir qu’un chien (baptisé Nestor), sorti de nulle part, allait nous suivre dès le 5ekilomètre et nous être fidèle jusqu’à l’arrivée, 90 km plus loin. 

  • «  On se retrouve à UB pour boire une bière en terrasse ».  Petite parenthèse agréable avec les copains comme à la maison quand on retrouve pour quelques heures, Philou et Charlotte, en voyage de noces en Mongolie.


Ulaabaatar & Terelj







Tsetserleg








Mongolie Centrale











Désert de Gobi (Bayanzag, Khongorin Els, Yolyn Am)











































Double anniversaire mongol




Trekk dans la vallée de l'Orkhon