CITATIONS

"On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées." Hippolyte Taine

"Voyager, c'est demander d'un coup à la distance ce que le temps ne pourrait nous donner que peu à peu." Paul Morand


lundi 13 juin 2016

29) Dernières balades dans les Andes péruviennes



Cet article couvre la période du 17 mars au 12 avril 2016. 

Les trois dernières semaines de notre séjour au Pérou, qui correspondent aux trois dernières semaines de notre « Tour du monde », ont été riches en émotions en tout genre.

Tout d’abord la réponse à la question qu’on nous a posée des dizaines de fois au Pérou et à notre retour en France : non, nous ne sommes pas tristes de rentrer ! La date de retour était connue d’avance,  l’expérience a tenu ses promesses (et plus en encore), nous en avons bien profité, et nous sommes maintenant heureux de pouvoir commencer l’écriture d’une nouvelle page de notre histoire tout en retrouvant nos familles, nos amis et même nos boulots… Cela n’empêchera pas les inévitables coups de blues passagers mais je crois que l’on est capable d’échapper à la dépression post voyage.

Après quelques jours passés à Cuzco (objet de l’article précédent), nous nous sommes lancés dans le trek du Salkantay, nom d’une montagne sacrée culminant à 6300m, qui doit nous permettre d’atteindre le fameux Machu Picchu. Pour cela, pas question de succomber à l’offre pléthorique de tours organisés depuis Cuzco,  dans lesquels il faut suivre un guide comme son ombre et s’adapter à l’inertie d’un groupe plus ou moins nombreux. Avec un col à 4600m et des passages de jungle sur la fin du parcours, on ne se sentait pas non plus d’y aller seul avec notre tente, cette fois-ci. A la place, nous avons trouvé l’offre d’une famille de locaux habitant sur le parcours du trek capables d’arranger les nuits et la nourriture sur le chemin tout en laissant les marcheurs se débrouiller seuls entre les étapes. On gardera des souvenirs colorées du lac Humantay Ccocha, du Salkantay enneigé depuis le balcon de notre refuge de Soraypampa, du changement radical de végétation, d’humidité et de température entre le col du Salkantay et la vallée du rio Santa-Teresa, de la plantation de café familiale de Lucmabamba, de l’arôme inédit du café d'Esther et Freddy, et du premier aperçu du Machu Picchu depuis les ruines de Llactapata. En revanche, la Pachamama (la « Mère Nature ») ne nous aura pas offert le Salkantay sur fond bleu depuis le col que l'on s'est cassé le tronc à gravir. 

La bonne surprise de cette randonnée sur les chemins des Incas fut la rencontre avec M. et F., un couple franco-chillien avec qui la discussion a été dès le début aussi naturelle qu’agréable, sans parler des fous rires déclanchés par le récit d’anecdotes de vie et de voyage. Nous sommes restés inséparables pendant 48h, avec le sentiment de s’être fait de nouveaux amis. C’est d’ailleurs ensemble que nous avons tenté d’ouvrir un nouveau passage dans la jungle au prix de belles griffures avant de réaliser que ça ne pouvait pas être le bon chemin pour Hidroelectrica. Comme toutes les personnes qui choisissent de ne pas prendre le train hors de prix depuis Ollantaytambo, notre marche se termine par 10 km sur la voix ferrées pour rejoindre Aguas Calientes, passage obligé des visiteurs du Machu Picchu (en effet il est impossible de faire l’aller-retour depuis Cuzco dans une journée). 

En ce qui concerne le Machu Picchu lui-même, l’expérience commence par un réveil à 3h30 du matin pour commencer l’ascension à la lampe frontale des 2200 marches jusqu’à la cité mythique encore enveloppée dans la brume aux toutes premières lueurs de l’aube. Optimistes comme jamais, on croit à l’éclaircie dans 2h, le temps pour nous de poursuivre l’ascension jusqu’au point culminant du site, la montagne Machu Picchu. Ce qu’on ne savait pas c’est que le dénivelé à parcourir au-delà de la cité est en fait le même que celui déjà parcouru depuis tout en bas… Heureusement nos efforts moites furent récompensés par quelques trouées dans les nuages permettant d’apercevoir un décor magique gravé dans nos mémoires (mais pas de quoi envoyer nos clichés à National Geographic). Plus tard dans la journée on aura même le droit à du soleil pendant le pique-nique et la promenade au milieu des vestiges de la cité sacrée dont la construction il y a cinq siècles relève de l’exploit divin.

Trek du Salkantay et Machu Picchu


C'est parti pour un trek de 4 jours

Le Salkantay se cache


Une fleur

Une fleur


Au col à 4630m on ne voit rien d'autre qu'une pancarte..

Descente vers les vallées tropicales




Arabica ou Robusta ?

Torréfaction artisanale



Une belle coïncidence du bout du monde..


Au loin le Machu Picchu



Ascension matinale


Plus haut c'est le soleil !


Le fameux






De retour à Cuzco, on présente Juan et ses équipements à un péruvien potentiellement intéressé et prêt à obtenir les faux papiers nécessaires à l’importation illégale d’une voiture de plus de 5 ans au Pérou. Sans succès. On commence à entrevoir le scénario que l’on voulait à tout prix éviter : abandonner Juan sur le parking de l’aéroport de Lima avant de rentrer en France. Qu’importe, on a décidé de profiter de notre voyage jusqu’au bout. Et justement, notre cible suivante c’est le trek de l’Ausangate, une autre montagne sacrée située à 70km de Cuzco, point culminant de la cordillère Vilcanota avec ses 6400m.

De la même manière que pour le Salkantay, on évite le tour organisé par les agences de Cuzco. On a encore une voiture, autant en profiter pour faire affaires avec un guide dans les villages alentours. Ah oui, j’ai oublié de préciser que le trek en question consiste à faire une boucle de 6 jours autour de l’Ausangate en franchissant 7 cols à plus de 5000m d’altitude en 6 jours. Y aller seul n’est pas une option surtout qu’il n’y a aucun hébergement, aucune nourriture, pas de marquage, pas d’électricité et encore moins de réseau téléphonique sur le parcours. 

On avait trouvé le numéro de portable d’Hernan dans le commentaire d’un voyageur sur TripAdvisor. La communication a été compliquée par téléphone car il ne captait presque jamais dans sa montagne sacrée et ne parlait que le Quechua et un peu d’Espagnol (sans pouvoir l'écrire). Bref, en arrivant au point de rendez-vous à Tinke deux jours après notre retour du Machu Picchu on n’est pas bien sûr que l’on va vraiment partir en randonnée le lendemain. Pourtant, après une première nuit dans son modeste logis (sol en terre battue, sans eau ni toilettes), nous voilà partis, accompagnés d’Hernan, de son ami Mario et de trois chevaux, en direction de notre dernière aventure sauvage que le manque d’oxygène ne parviendra pas à gâcher. 

On retient bien sûr les paysages à couper le souffle (au sens propre et figuré) faits de panoramas sans limites, de lacs, de glaciers, de montagnes colorées, de troupeaux d'alpacas, de vicunas, etc, mais aussi la création d’un lien de bienveillance réciproque avec Hernan et Mario dans cet environnement hostile, la chirurgie improvisée et sans anesthésie d’un cheval blessé maintenu au sol à la force de nos bras, et les deux tempêtes de neige nocturnes (c’est ce qui arrive lorsque l’on campe à l’altitude du sommet du Mont Blanc). Mario, dont l’odeur corporelle surpassait celles des trois chevaux réunis, n’a toujours pas compris pourquoi nous tenions à nous laver dans l’eau glaciale des rivières. Lorsqu’on leur a raconté que l’on avait voyagé pendant neuf mois, nos guides nous ont alors pris pour les milliardaires, tant ça leur paraissait inimaginable. Bref, tout dans ce trek était irréel et beau : la nature impitoyable, l’effort physique, la naïveté et la simplicité de nos conversations de bivouac. Même la voiture que l’on avait laissée dans un endroit peu sécurisé est toujours là à notre retour, youpi !

Trek de l’Ausangate


1ère nuit chez notre guide Hernan


1er passage à 5000


Nouvelle tente, on a choisi une Bomb Proof pour éviter de réitérer l'expérience du Cap Horn

La douche fraîche..

"Million star hotel"



C'est un peu comme si c'était beau


La météo, un paramètre important en hautes altitudes


Hernan et Mario en plein contemplation en attendant que l'on reprenne notre souffle


Vinicunca, ici la nature a tout simplement "craqué son slip" !

Mais il n'y fait pas très chaud (5020 m)

Sauf pour les locaux aussi jeunes soient-ils

Encore un panorama désagréable au réveil

Baby Alpaca

Alpaca adulte



A chaque trek son canidé d'adoption

Cette photo a été prise en vers 15h30 et il a neigé jusqu'à 20h..




Là c'est un peu dur physiquement



Au point le plus élevé de notre boucle (5200m)


La fine équipe



Les Alpacas sont plus petits et plus touffus que les Lamas mais ils partagent cet air ahuri

Une autre nuit glacée




Ce petit décroche la palme du "cuteness"

Fin de la boucle autour de ce monstre de 6400m


Juste avant le départ dans l’Ausangate, on avait été contacté par un couple de voyageurs potentiellement intéressés pour acheter Juan à Arequipa, prochaine et dernière étape avant Lima. Ad., le casse-cou Français expert de Speedflight (sorte de petit parapente ultra rapide) et Al., la blogeuse Polonaise débordante d'énergie, se sont décidés tellement rapidement (quelques échanges de messages et c'était plié) que l’on est resté prudent sur l’issue de la transaction pendant les deux jours de routes vers Arequipa. En arrivant, nous avons juste eu le temps de nettoyer et vidanger Juan et d’établir un pouvoir chez le « Notario » avant que ces voyageurs enthousiastes et insouciants ne repartent avec notre maison roulante qui nous aura transportés sur plus de 20 000 km depuis Santiago ! On scelle la transaction à renfort de Pisco Sours dans un des nombreux bars d'Arequipa. Juan continuera donc son aventure et tout le matos de bourlingue, en particulier la tente de toit, sera utilisé et non jeté. Cela nous évite aussi des adieux déchirants à Lima et nous apporte quelques précieux euros qui seront utiles à notre future installation à Paris... La joie procurée par cette issue heureuse compense largement le retour au statut de piétons que l’on vit presque de manière indolore sur le plan psychologique.

A partir de là, la fin de notre aventure se profile clairement mais on a l’intention, plus que jamais, de profiter de chacun de ces derniers instants privilégiés. A l’exception de quelques visites à Arequipa, d’une excursion de deux jours dans le canyon de la Colca, et d’un trajet en bus de nuit jusqu’à Lima, nos dernières expériences furent exclusivement constituées de repas locaux, d’errances pensives, de mains serrées et d’échanges de regards, sous le volcan Misti dominant la ville d’Arequipa, ou dans le quartier liménien de Miraflores, sur la côte Pacifique.  

Ca y est on est dans l’avion, c’est une nouvelle vie qui commence ! 

Arequipe - Canyon de la Colca - Lima

En route pour Arequipa

Bientôt les au-revoirs..


Arequipa

Arequipa

Arequipa

Arequipa - Monasterio de Santa Catalina de Siena

Arequipa - Monasterio de Santa Catalina de Siena

Arequipa - Monasterio de Santa Catalina de Siena



Transaction effectuée - Good luck Aleksandra & Adrien !  


Un condor surplombant le canyon de la Colca

Jusqu'à 3,5m d'envergure, le condor ne vole pas, il plane

Canyon de la Colca


L'Oasis




Le volcan Chachani depuis Arequipa

Et le Misti

Confort VIP pour notre dernier bus de nuit

Lima (Miraflores)

Faîtes l'amour pas la guerre

Un petit gout de Barcelone

1er tour des élections présidentielles à Lima

La siesta es sagrada