Cet article couvre la
période du 17 mars au 12 avril 2016.
Les trois dernières semaines de notre séjour au Pérou, qui
correspondent aux trois dernières semaines de notre « Tour du monde »,
ont été riches en émotions en tout genre.
Tout d’abord la réponse à la question qu’on nous a posée des
dizaines de fois au Pérou et à notre retour en France : non, nous ne
sommes pas tristes de rentrer ! La date de retour était connue
d’avance, l’expérience a tenu ses
promesses (et plus en encore), nous en avons bien profité, et nous sommes
maintenant heureux de pouvoir commencer l’écriture d’une nouvelle page de notre
histoire tout en retrouvant nos familles, nos amis et même nos boulots… Cela
n’empêchera pas les inévitables coups de blues passagers mais je crois que l’on est capable
d’échapper à la dépression post voyage.
Après quelques jours passés à Cuzco (objet de l’article
précédent), nous nous sommes lancés dans le trek du Salkantay, nom d’une
montagne sacrée culminant à 6300m, qui doit nous permettre d’atteindre le fameux
Machu Picchu. Pour cela, pas question de succomber à l’offre pléthorique de
tours organisés depuis Cuzco, dans
lesquels il faut suivre un guide comme son ombre et s’adapter à l’inertie d’un
groupe plus ou moins nombreux. Avec un col à 4600m et des passages de jungle
sur la fin du parcours, on ne se sentait pas non plus d’y aller seul avec notre
tente, cette fois-ci. A la place, nous avons trouvé l’offre d’une famille de
locaux habitant sur le parcours du trek capables d’arranger les nuits et la
nourriture sur le chemin tout en laissant les marcheurs se débrouiller seuls
entre les étapes. On gardera des souvenirs colorées du lac Humantay Ccocha, du
Salkantay enneigé depuis le balcon de notre refuge de Soraypampa, du changement
radical de végétation, d’humidité et de température entre le col du Salkantay
et la vallée du rio Santa-Teresa, de la plantation de café familiale de
Lucmabamba, de l’arôme inédit du café d'Esther et Freddy, et du premier aperçu du Machu Picchu depuis
les ruines de Llactapata. En revanche, la Pachamama (la « Mère
Nature ») ne nous aura pas offert le Salkantay sur fond bleu depuis le col que l'on s'est cassé le tronc à gravir.
La bonne surprise de cette randonnée sur les chemins des Incas
fut la rencontre avec M. et F., un couple franco-chillien avec qui la
discussion a été dès le début aussi naturelle qu’agréable, sans parler des fous
rires déclanchés par le récit d’anecdotes de vie et de voyage. Nous sommes restés
inséparables pendant 48h, avec le sentiment de s’être fait de nouveaux amis. C’est
d’ailleurs ensemble que nous avons tenté d’ouvrir un nouveau passage dans la
jungle au prix de belles griffures avant de réaliser que ça ne pouvait pas être
le bon chemin pour Hidroelectrica. Comme toutes les personnes qui choisissent
de ne pas prendre le train hors de prix depuis Ollantaytambo, notre marche se
termine par 10 km sur la voix ferrées pour rejoindre Aguas Calientes, passage
obligé des visiteurs du Machu Picchu (en effet il est impossible de faire
l’aller-retour depuis Cuzco dans une journée).
En ce qui concerne le Machu Picchu lui-même, l’expérience
commence par un réveil à 3h30 du matin pour commencer l’ascension à la lampe
frontale des 2200 marches jusqu’à la cité mythique encore enveloppée dans la
brume aux toutes premières lueurs de l’aube. Optimistes comme jamais, on croit
à l’éclaircie dans 2h, le temps pour nous de poursuivre l’ascension jusqu’au
point culminant du site, la montagne Machu Picchu. Ce qu’on ne savait pas c’est
que le dénivelé à parcourir au-delà de la cité est en fait le même que celui déjà
parcouru depuis tout en bas… Heureusement nos efforts moites furent récompensés
par quelques trouées dans les nuages permettant d’apercevoir un décor magique
gravé dans nos mémoires (mais pas de quoi envoyer nos clichés à National
Geographic). Plus tard dans la journée on aura même le droit à du soleil
pendant le pique-nique et la promenade au milieu des vestiges de la cité sacrée
dont la construction il y a cinq siècles relève de l’exploit divin.
Trek du
Salkantay et Machu Picchu
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C'est parti pour un trek de 4 jours |
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Le Salkantay se cache |
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Une fleur |
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Une fleur |
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Au col à 4630m on ne voit rien d'autre qu'une pancarte.. |
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Descente vers les vallées tropicales |
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Arabica ou Robusta ? |
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Torréfaction artisanale |
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Une belle coïncidence du bout du monde.. |
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Au loin le Machu Picchu |
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Ascension matinale |
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Plus haut c'est le soleil ! |
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Le fameux |
De retour à Cuzco, on présente Juan et ses équipements à un
péruvien potentiellement intéressé et prêt à obtenir les faux papiers
nécessaires à l’importation illégale d’une voiture de plus de 5 ans au Pérou. Sans
succès. On commence à entrevoir le scénario que l’on voulait à tout prix
éviter : abandonner Juan sur le parking de l’aéroport de Lima avant de
rentrer en France. Qu’importe, on a décidé de profiter de notre voyage jusqu’au
bout. Et justement, notre cible suivante c’est le trek de l’Ausangate,
une autre montagne sacrée située à 70km de Cuzco, point culminant de la cordillère Vilcanota avec ses 6400m.
De la même manière que pour le Salkantay, on évite le tour
organisé par les agences de Cuzco. On a encore une voiture, autant en profiter
pour faire affaires avec un guide dans les villages alentours. Ah oui, j’ai
oublié de préciser que le trek en question consiste à faire une boucle de 6 jours autour
de l’Ausangate en franchissant 7 cols à plus de 5000m d’altitude en 6 jours. Y
aller seul n’est pas une option surtout qu’il n’y a aucun hébergement, aucune
nourriture, pas de marquage, pas d’électricité et encore moins de réseau téléphonique sur le parcours.
On avait trouvé le numéro de portable d’Hernan dans le
commentaire d’un voyageur sur TripAdvisor. La communication a été compliquée
par téléphone car il ne captait presque jamais dans sa montagne sacrée et ne
parlait que le Quechua et un peu d’Espagnol (sans pouvoir l'écrire). Bref, en arrivant au point de rendez-vous
à Tinke deux jours après notre retour du Machu Picchu on n’est pas bien sûr que
l’on va vraiment partir en randonnée le lendemain. Pourtant, après une première
nuit dans son modeste logis (sol en terre battue, sans eau ni toilettes), nous voilà partis,
accompagnés d’Hernan, de son ami Mario et de trois chevaux, en direction de
notre dernière aventure sauvage que le manque d’oxygène ne parviendra pas à
gâcher.
On retient bien sûr les paysages à couper le souffle (au
sens propre et figuré) faits de panoramas sans limites, de lacs, de glaciers, de
montagnes colorées, de troupeaux d'alpacas, de vicunas, etc, mais aussi la création d’un lien de bienveillance
réciproque avec Hernan et Mario dans cet environnement hostile, la chirurgie
improvisée et sans anesthésie d’un cheval blessé maintenu au sol à la force de
nos bras, et les deux tempêtes de neige nocturnes (c’est ce qui arrive lorsque
l’on campe à l’altitude du sommet du Mont Blanc). Mario, dont l’odeur corporelle surpassait celles des trois
chevaux réunis, n’a toujours pas compris pourquoi nous tenions à nous laver dans l’eau glaciale des rivières. Lorsqu’on leur a raconté que
l’on avait voyagé pendant neuf mois, nos guides nous ont alors pris pour les
milliardaires, tant ça leur paraissait inimaginable. Bref, tout dans ce trek
était irréel et beau : la nature impitoyable, l’effort physique, la naïveté et la simplicité de nos
conversations de bivouac. Même la voiture que l’on avait laissée dans un endroit peu
sécurisé est toujours là à notre retour, youpi !
Trek de
l’Ausangate
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1ère nuit chez notre guide Hernan |
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1er passage à 5000 |
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Nouvelle tente, on a choisi une Bomb Proof pour éviter de réitérer l'expérience du Cap Horn |
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La douche fraîche.. |
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"Million star hotel" |
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C'est un peu comme si c'était beau |
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La météo, un paramètre important en hautes altitudes |
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Hernan et Mario en plein contemplation en attendant que l'on reprenne notre souffle |
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Vinicunca, ici la nature a tout simplement "craqué son slip" ! |
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Mais il n'y fait pas très chaud (5020 m) |
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Sauf pour les locaux aussi jeunes soient-ils |
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Encore un panorama désagréable au réveil |
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Baby Alpaca |
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Alpaca adulte |
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A chaque trek son canidé d'adoption |
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Cette photo a été prise en vers 15h30 et il a neigé jusqu'à 20h.. |
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Là c'est un peu dur physiquement |
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Au point le plus élevé de notre boucle (5200m) |
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La fine équipe |
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Les Alpacas sont plus petits et plus touffus que les Lamas mais ils partagent cet air ahuri |
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Une autre nuit glacée |
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Ce petit décroche la palme du "cuteness" |
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Fin de la boucle autour de ce monstre de 6400m |
Juste avant le départ dans l’Ausangate, on avait été contacté
par un couple de voyageurs potentiellement intéressés pour acheter Juan à
Arequipa, prochaine et dernière étape avant Lima. Ad., le casse-cou Français
expert de Speedflight (sorte de petit parapente ultra rapide) et Al., la
blogeuse Polonaise débordante d'énergie, se sont décidés tellement rapidement (quelques échanges de messages et c'était plié) que l’on est
resté prudent sur l’issue de la transaction pendant les deux jours de routes
vers Arequipa. En arrivant, nous avons juste eu le temps de nettoyer et vidanger
Juan et d’établir un pouvoir chez le « Notario » avant que ces voyageurs
enthousiastes et insouciants ne repartent avec notre maison roulante qui nous
aura transportés sur plus de 20 000 km depuis Santiago ! On scelle la transaction à
renfort de Pisco Sours dans un des nombreux bars d'Arequipa. Juan continuera donc son aventure et tout le matos de
bourlingue, en particulier la tente de toit, sera utilisé et non jeté. Cela nous évite aussi des adieux déchirants à Lima et
nous apporte quelques précieux euros qui seront utiles à notre future installation
à Paris... La joie procurée par cette issue heureuse compense largement le
retour au statut de piétons que l’on vit presque de manière indolore sur le
plan psychologique.
A partir de là, la fin de notre aventure se profile clairement
mais on a l’intention, plus que jamais, de profiter de chacun de ces derniers
instants privilégiés. A l’exception de quelques visites à Arequipa, d’une
excursion de deux jours dans le canyon de la Colca, et d’un trajet en bus de
nuit jusqu’à Lima, nos dernières expériences furent exclusivement constituées de
repas locaux, d’errances pensives, de mains serrées et d’échanges de regards,
sous le volcan Misti dominant la ville d’Arequipa, ou dans le quartier liménien
de Miraflores, sur la côte Pacifique.
Ca y est on est dans l’avion, c’est une nouvelle vie qui
commence !
Arequipe - Canyon de la Colca - Lima
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En route pour Arequipa |
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Bientôt les au-revoirs.. |
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Arequipa |
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Arequipa |
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Arequipa |
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Arequipa - Monasterio de Santa Catalina de Siena |
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Arequipa - Monasterio de Santa Catalina de Siena |
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Arequipa - Monasterio de Santa Catalina de Siena |
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Transaction effectuée - Good luck Aleksandra & Adrien ! |
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Un condor surplombant le canyon de la Colca |
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Jusqu'à 3,5m d'envergure, le condor ne vole pas, il plane |
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Canyon de la Colca |
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L'Oasis |
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Le volcan Chachani depuis Arequipa |
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Et le Misti |
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Confort VIP pour notre dernier bus de nuit |
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Lima (Miraflores) |
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Faîtes l'amour pas la guerre |
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Un petit gout de Barcelone |
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1er tour des élections présidentielles à Lima |
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La siesta es sagrada |