Le rendez-vous était calé avec Sophie et Pierrot : le 11 Janvier 2016 à 19h à Punta Arenas.
Plusieurs raisons nous motivaient à mettre les bouchées doubles pour honorer l’engagement : passer une soirée sympathique avec le troisième couple de jeunes mariés en vacances que l’on croise depuis le début de notre voyage, avoir du temps pour préparer LE trek du bout du monde qui nous fait briller les yeux, et, être en mesure de remonter à El Calafate pour récupérer Christophe à sa descente d’avion le 24 janvier.
Pour y parvenir on enchainera 24h de ferry de Puerto Montt à Puerto Chacabuco (environ 600 km) et quatre jours de conduite de Puerto Chacabuco à Punta Arenas (environ 1700 km dont 400 sur pistes). Comme il n’y a pas de routes du côté chilien qui relient la Patagonie Nord à la Patagonie Sud nous avons dû passer en Argentine pour emprunter la mythique « Ruta 40 » qui longe la cordillère des Andes de la Bolivie à la Terre de Feu.
Ces cinq jours intenses de traversée de la Patagonie nous ont permis d’en percevoir la grande diversité géographique, climatique, animale et végétale, mais aussi en termes de présence (ou plutôt d'absence) humaine. Volcans enneigés vus depuis les fjords du Pacifique, glaciers accrochés aux pics déchiquetés surplombant rivières, lacs et vallées verdoyantes, déserts de cailloux et de chardons, steppes désolées et balayées par un vent dévalant les montagnes, formations rocheuses stratifiées et colorées, dizaines de lacs dont les nuances de bleu semblent inventées, furent quelques-unes des toiles de fond de ce tronçon de voyage. La présence humaine se raréfie jusqu’à disparaître totalement avec parfois plus de 300 km entre deux stations-services ! Pourtant, les clôtures longeant la Ruta 40, uniquement entrecoupées par les rivières, nous rappellent que ces immensités sont des propriétés privées (des grandes fermes, les Estancias, des champs de pétrole ou de gaz, des mines) dont on ne voit rien que l'horizon.
Avec des centaines de km de pistes défoncées entre 20 et 50km/h et deux premiers passages de frontières, c’est la robustesse du vieux Juan (350 000 km au compteur) et la légalité administrative des documents dont nous disposons qui ont été confirmées même si dans les deux cas on aurait pu trouver des raisons d’en douter…
En bonus, quelques détails qui nous ont marqués : attendre 3h qu’une piste ouvre à la circulation à Villa Cerro Castillo, s’étonner dans les grottes de marbre de Puerto Rio Tranquilo, rêver en admirant les sommets de la Sierra San Raphael depuis les falaises de l’imposant Lago General Carrera, slalomer entre les guanacos et les autruches se promenant sur la Ruta 40, s’agripper au volant pour rester sur la chaussée malgré les rafales, faire du camping sauvage au milieu de rien.
Et au bout, posé sur le détroit de Magellan, Punta Arenas nous accueille sous un ciel ténébreux (certains diraient de fin du monde) avec une pluie et un vent glacial comme pour nous prévenir que le bout du monde ce n’est pas une promenade de santé. On conjure le sort autour d’une bouteille de vin rouge chilien dans un bon restaurant de « Parillas » (viandes grillées) avec Sophie et Pierrot avant qu’ils ne s’envolent pour Puerto Montt (où nous étions 5 jours plus tôt).
Notre véritable aventure du bout du monde, cette histoire à rebondissements qui se déroule aux confins du continent américain (plus loin c’est le cap Horn puis l’Antarctique..) mérite qu’on s’y attarde dans un article dédié, ce sera le suivant.
En attendant, voici comme d'habitude quelques photos :
Sur l’Evangelista, ferry de la compagnie Navimag
NAVIMAG c'est avant tout du fret |
La « Carretera Austral » au Chili
Coyhaique |
Quand la piste est fermée, pas d'alternative, l'attente |
Les grottes de marbre de Puerto Rio Tranquilo (#NoFilter) |
Waf ! |
La Ruta 40 en Argentine
Contrôle de papiers par un guanaco de circulation |

Dans les environs de Punta Arenas
![]() |
Vous ici ? |
Morada d'el Diablo |
Réplique de la Victoria de Fernand de Magellan |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire