Cet article couvre la période du 6 au 18 février 2016.
Après plusieurs milliers de kilomètres sans rencontrer de grandes villes, on souhaitait profiter de quelques jours à Mendoza pour faire des réparations préventives avant d’aborder les hautes altitudes andines. Encore une fois on s’est fait prendre par notre ignorance du calendrier national puisque tout est fermé pendant 4 jours en raison du carnaval. On aura une deuxième chance à Salta, 1200 km plus au nord.
En quittant Mendoza, on dispose d’exactement deux semaines avant que la maman de Lucie n’atterrisse à Santa-Cruz (en Bolivie) et on a une furieuse envie de faire un crochet par le Chili pour explorer le célèbre désert d’Atacama.
Entre Mendoza et Salta, la route 40 suit les méandres de canyons (ou quebradas) colorés à l’érosion toujours plus originale et traverse des paysages désertiques ponctués de cactus. Certaines lignes droites ressemblent à des montagnes russes car des centaines de passages à gué, la plupart secs mais pas tous, font onduler la route dans le lit des rivières.
Salta c’est l’étape culture avec notamment le musée archéologique des hautes montagnes qui expose de véritables momies d’enfants incas sacrifiés et enterrés au sommet d’un volcan de presque 7000 m. On dinera également dans une fameuse Peña, restaurant avec musique folklorique live. Pendant ce temps Juan reçoit des nouveaux joints pour son différentiel et des freins arrières tous neufs.
De Salta, située à 2500m d’altitude on s’élève plein Ouest en empruntant la route des nuages jusqu’à 4200 m. On remplit notre réservoir et notre bidon d’essence à un prix exorbitant à San Antonio de los Cobres, porte d’entrée de l’altiplano (haut plateau) et dernière ville avant des centaines de kilomètres de pistes très peu fréquentées. On passe notre première nuit à plus de 4000 m en camping sauvage sous le viaduc de La Polvorilla. Ce pont aurait inspiré Hergé pour la scène où Tintin saute d’un train en marche dans « Le Temple du Soleil ». Cette voie de chemin de fer fut la première à traverser les Andes à ces latitudes pour transporter les productions minières jusqu’au Pacifique. Non loin, une femelle lama a donné naissance à un petit encore incapable de marcher. La nuit tombée, il fait froid, mais quel ciel ! Comme le disait plein d’ironie et de poésie notre guide mongole dans le désert de Gobi : « Tonight we sleep in a million star hotel ».
A 20km/h maximum sur une piste dont la surface ressemble à une « tôle ondulée » formée par la poussière et le vent, on progresse laborieusement dans l’altiplano. Un passage de chahut particulièrement violent a fait s’arrêter le moteur au milieu de rien, loin de tout. Ce n’est qu’un tuyau déboité entre le filtre à air et le moteur, on répare et on continue sous le regard indifférent de dizaine de lamas et de vicuñas (sorte de biches (sur)vivant entre 3500 et 4500m d'altitude). Le poste frontière flambant neuf du Paso Sico est désert (c'est normal, personne ne l'emprunte puisque il y a 4h de pistes de chaque côté). Après plusieurs « Holà ! » de plus en plus sonores, un officier arrive et les trois autres suivent visiblement encore en processus de réveil et bien décidés à se venger de l’interruption de sieste. C’est la première fois que l’on aura droit à une fouille complète de la voiture en plus des nombreuses questions sur notre parcours et nos intentions. On passe notre deuxième nuit en camping sauvage à plus de 4000 au bord d’un mini salar du côté chilien. Grâce à notre application collaborative, iOverlander, on se loge au pied d’une falaise rocheuse qui constitue un parfait abri contre le vent nocturne potentiellement dévastateur pour notre tente de toit.
Les paysages lunaires ou bien martiens du désert d’Atacama sont totalement inédits pour nous. Il faut dire qu’il s’agit du désert le plus aride du monde. On y voit nos premiers flamants roses, des volcans, des cactus immenses dont le bois sert à construire des églises, des vallées rocheuses et sableuses improbables et même le champ de geysers le plus haut du monde. L’attractivité touristique de ces sites exceptionnels a d’ailleurs transformé le petit village d’adobes de San Pedro de Atacama en une ville cosmopolite presque branchée malgré la poussière omniprésente. Après quelques jours dans cet enfer majestueux, à crever de chaud la journée, de froid la nuit et de soif tout le temps (taux d’humidité ne dépassant pas 10 à 15%) nous voilà repartis en direction de l’Argentine en empruntant cette fois un itinéraire goudronné par le paso Jama. En remontant péniblement la pente très raide de l’altiplano laissant derrière nous San Pedro, on contemple le volcan Licancabur (5900m) sans savoir que d’ici quelques semaines on observera son sommet enneigé depuis la Bolivie (la frontière Chili-Bolivie passe par son sommet).
Le trajet côté argentin jusqu’à San Salvador de Jujuy (se prononce « rourouille », ce qui peut faire sourire) nous offre encore des surprises comme la quebrada de Humahuaca et la montagne des septs couleurs.
San Salvador en revanche refuse de nous laisser partir. En effet, un mouvement de manifestations dans toute la région pour la libération d’un certain Milagro Sala bloque les routes principales. En empruntant des routes secondaires et en s’armant de patience aux barrages filtrants, on finit par se présenter au poste frontière Argentine-Bolivie de Yacuiba.
Ce passage de frontière nous stresse. En effet la situation est complexe : nous sommes français, la voiture est immatriculée au Canada, plus précisément dans la région de Colombie Britannique (pour un policier sud-américain voyant notre plaque, c’est la Colombie), notre assurance est argentine, le vrai propriétaire de la voiture est Néo-Zélandais et il nous a autorisés à conduire sa voiture grâce à un document établi chez un notaire de Santiago du Chili. Eh bien malgré la bonne place occupée par la Bolivie dans la liste des pays les plus corrompus du monde, on nous a laissés entrer !
Un douanier a tout de même tenté de nous réclamer de l'argent après avoir ramassé un de nos documents tombé par terre. On s’en sort en appliquant les recommandations d’un guide anti pot-de-vin trouvé sur le net quelques jours plus tôt (et qui nous servira à nouveau).
À nous la Bolivie !
De Mendoza à Salta
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Passage à gué |
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Vignobles de Cafayate |
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Entrée de la Quebrada de Cafayate |
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Un cycliste courageux |
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El Anfiteatro |
Salta
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De queues interminables dans les banques et opérateurs téléphoniques après les jours fériés du carnaval |
De Salta à Atacama
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Ça pique ! |
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Ca te parle, fan de Tintin ? |
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"Million star hôtel" |
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Maman lama, bébé lama et placenta lama |
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Paysages d'altiplano |
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Tableau au réveil |
Désert d'Atacama et alentours
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Les vicuñas (ou vigognes en français), le plus petit des camélidés |
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Une rue de San Pedro de Atacama |
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Vallée de la Luna |
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Canyon de Guatin |
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Vicuñas sur la route des geysers |
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Champ de geysers d'El Tatio (4300m) à l'aube |
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85°C |
D'Atacama à Yacuiba
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Dernier lac d'altitude côté Chili |
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Susques |
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Montagnes des sept couleurs à Pumamarca |
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San Salvador de Jujuy |
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Libérez Milagro Sala ! |
Très sympa comme article ! Peut-on savoir quelles sont les recommandations anti-pot-de-vin ? Merci et bonne suite de voyage ;)
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